Je traite tout de suite ou j’attends
par Michel Champagne BA, DMD, MAGD, IBO, CDE
Nous nous retrouvons souvent confrontés à la même interrogation…je traite tout de suite ou j’attends. Cette question se pose surtout chez les jeunes patients en croissance. Selon les philosophies, nous pouvons entendre plusieurs réponses telles: la fin de la dentition mixte est la meilleure période, pour les patients de classe III et aussi ceux en occlusion croisée postérieure il vaut mieux traiter le plus tôt possible, avec les nouvelles inquiétudes telles l’apnée du sommeil chez l’enfant, le harcèlement à l’école, l’importance de l’équilibre myofonctionnel le plus tôt sera le mieux.
Nous devons nous méfier de la pseudo science qui hante les salles de conférences dans presque tous les pays. Beaucoup de conférenciers mettent de l’avant de nouvelles approches qui quelquefois, bien que semblant logiques, ne sont basées sur aucune preuve scientifique. Il faut se rappeler que les conclusions d’une seule étude n’ont pas une grande valeur et il faut souvent attendre d’avoir au moins deux études avec des conclusions similaires. Que dire aujourd’hui des journaux électroniques financés par les compagnies, des youtube et des sites martelant des philosophies sans fondement, sans parler de docteur Google, consulté par la majorité de nos patients. Peut-être que certains de ces gens sont de purs génies et que leurs théories seront prouvées dans les années à venir.
Il est intéressant de revenir à la base et de se rappeler que les études cliniques randomisées (RCT ou randomized clinical trials) sont encore les meilleures sources d’informations (Figure 1 et 2). Il est important de toujours porter attention, et ce pour chaque étude, au PICO: P pour Participants (le nombre de participants et leur échantillonnage), I pour Intervention i.e. comment l’étude fut faite, C pour Comparaison (des patients non traités ont-ils été suivis pour voir l’effet du non traitement) et O pour Outcome (les conclusions sont-elles claires et reflètent-elles vraiment les résultats de l’étude).
Traiter ou pas traiter à un certain point devient une décision de cas par cas bien qu’il existe des grandes lignes comme mentionné plus haut mais personnellement j’aime bien suivre la réflexion suivante i.e. jusqu’à quand puis-je reporter le traitement sans compromettre la qualité des résultats tout en m’assurant d’avoir le traitement le plus court possible. Évidemment la réponse sera différente d’un cas à l’autre. Mon intention n’est pas de vous dire quand traiter mais plutôt de mettre une pause sur votre réflexion devant toute option de traitement chez votre prochain patient en croissance. Une des questions à se poser devient donc non pas ‘’quand puis-je traiter’’ mais bien ‘’jusqu’à quand puis reporter le traitement sans compromettre la qualité des résultats’’.
Pour une orthodontie bien éclairée.
Figure 1 Figure 2
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