Le contrôle du torque inférieur incisif
par le Dr Michel Champagne dmd, magd, ibo, cde
Un des plus grands défis de l’orthodontie a toujours été le contrôle de torque des incisives inférieures. Le défi était colossal à l’époque de la popularité des extractions de prémolaires mais il l’est tout autant aujourd’hui avec l’aire du sans extraction, du plein sourire et de la philosophie du développement transverse des arcades. À chaque fois que le patient(e) présente un chevauchement inférieur moyen de 4 à 5 mm, l’alignement sur fil mandibulaire produit presque toujours une bascule vers le buccal de la couronne des incisives inférieures et une augmentation du torque des racines incisives en lingual. Cet effet secondaire à l’alignement n’est pas toujours souhaitable. Beaucoup de cas demandent un développement transverse en région prémolaire et l’augmentation de la dimension transverse nous donne un regain d’espace qui aide au déchevauchement. Cependant ce phénomène se produit lentement et souvent cette lenteur dans l’obtention de la transverse ne permet pas aux incisives inférieures de conserver leurs positions initiales et elles sont projetées vers l’avant. Le clinicien se retrouve souvent dans la situation et il doit ramener les incisives inférieures en meilleure position de torque. Comment faire pour éviter ou tout au moins minimiser cette buccalisation incisive dès le début du traitement. Certes dans un cas de linguo-version des incisives inférieures ce mouvement peut être un de nos objectifs de traitement.
Mais que pouvons-nous tolérer, jusqu’où pouvons-nous aller et surtout comment garder le contrôle du torque des incisives antérieures inférieures.
Quelques solutions s’offrent à nous dont peu en début de traitement:
- Le choix d’un boîtier incisif inférieur à grand torque négatif peut aider à récupérer en fin de traitement mais n’est pas du tout efficace en début de traitement.
- La combinaison de ce torque négatif boîtier avec un fil de gros calibre peut permettre l’expression de ce torque prédéterminé mais pas de façon exacte à cause de la perte avec le jeu entre le boîtier et le fil. Cette interaction se produit surtout après la buccalisation des incisives inférieures durant la phase de fermeture d’espace et ou de finition. Donc également peu utile en début de traitement.
- L’incorporation de plis de torque en fin de traitement sur un fil de gros calibre de préférence TMA 0.019 x0.025 peut nous aider à récupérer la perte de contrôle.
- L’ajout d’accessoires de torque comme le ART (Auxiliary Root Torque) ou encore le ressort Warren. Cette approche en est également une de récupération (voir les blogues du 2 janvier 2018, 14 février 2019 )
- Une légère traction élastique appliquée sur les incisives inférieures et cela en orientation distale, soit purement horizontale c’est-à-dire avec des élastiques de classe 1 ou oblique c’est-à-dire avec des élastiques de classe 3. L’orientation oblique se veux prudente dans les cas de Classe II surtout pour les cas avec plan mandibulaire ouvert. L’orientation oblique peut se faire à partir du crochet molaire supérieure #6 jusqu’à la mandibule en zone prémolaire ou canine. L’orientation horizontale se fera à partir d’une mini vis en position postérieure buccale soit à partir d’une position inter-radiculaire ou de la crête oblique externe pour éviter toute interférence avec les racines des dents et les exigences du cas. C’est traction élastique en est une de compensation pour contrôler le torque incisif durant la période de développement transverse en zone prémolaire, ce qui implique une faible force d’environ 2 onces (60 grammes). Cette option est efficace en début de traitement.
- Certains orthodontistes comme le Dr Derek Mahoney place simplement une chaine élastique (pas plus de 2 onces de force) de la première molaire au médial canine ou prémolaire selon le cas. Attention car pour limiter la rotation molaire, la seconde molaire doit être incluse dans le système, une approche également efficace en début de traitement.
Élastiques de Classe 3 (2 onces)
Élastiques à partir de mini-vis
Chaine élastique à partir de la molaire
Bien entendu, malgré tous nos efforts, tous les cas ne peuvent se faire sans extractions. Il faut apprendre à connaître les limites imposées par la malocclusion et ceci se fait à partir d’un diagnostic bien élaboré.